Les valeurs portées par Nature pour tous
Nous tentons d’intégrer nos publics dans la vie courante de notre projet dès que possible :
- Pour notre logo originel, nous avons fait appel à un artiste du CREHAM de Liège. Une fructueuse collaboration entre un graphiste natagorien et cet artiste a alors donné naissance à cette fleur emblématique, élément rassembleur, mis en avant lors de la modernisation de notre logo.
- Suite à une belle rencontre, nous avons proposé à « notre village » de nous réaliser des bandeaux pour la mise en situation lors de nos activités de sensibilisation. Ces bandeaux ont été réalisés en échange d’animations nature au sein de l’institution.
- En 2020, nous avons eu le plaisir d’accueillir François, étudiant en 3ème année de bachelier nature et forêt à l’IPEA La Reid. François est porteur d’autisme asperger. Il est resté avec nous pendant plusieurs mois et a réalisé une malle pédagogique sur le loup, avec des modules spécifiques pour l’apprentissage spécifique aux personnes autistes.
Nous tentons de nous adapter au maximum aux publics présents à nos animations. Dans certains cas, lorsque les personnes ne peuvent se rendre dans la nature, alors c’est la nature qui se rend aux personnes.
Chez nous on les cache...
Paul Gailly, directeur historique du département éducatif de Natagora et fondateur de « Nature pour tous », nous raconte la naissance d’une idée, un sentiment d’injustice, une révolte d’adolescent… pilier fondateur de ce qui deviendra plus tard « Nature pour tous – Natagora ».
« Chez nous on les cache… »
C’était dans les années 70. Alors adolescent, j’étais en vacances avec ma famille dans le sud-ouest de la France. Fontjoncouse ! Un petit village près de Narbonne… genre 100 habitants et 300 chèvres. Le paradis ! Lors de nos promenades, nous croisions régulièrement un jeune adulte handicapé mental qui nous interpellait à chaque rencontre et avec qui nous passions régulièrement un moment. Pas toujours facile de se comprendre mais dans ces moments-là, c’est le cœur qui prend le pas sur le mental et ça coule tout seul…
Mon père avait été chef patro pendant les années de guerre. Plutôt que de jouer au foot, c’était plutôt des journées à rechercher rescapés, blessés et cadavres dans les décombres après les bombardements de Montignies-sur-Sambre… Ma mère fut active pendant longtemps à la JOC puis au MOC. C’est dire si mon enfance fut baignée par cette volonté d’accueil, de compréhension, de tolérance et de respect des autres… de tous les autres…
Mais, du haut de mes 15 ans, un truc me tracassait. Je me suis toujours beaucoup promené, à pied ou à vélo, et jamais je n’avais rencontré de personne handicapée en traversant ville ou village… Jamais. La seule que je connaissais était Francine, cette jeune fille que mes parents accueillaient pendant les vacances d’été… et qu’il fallait bien souvent -trop souvent- protéger des moqueries des enfants du voisinage…
Nous allions régulièrement en vacances dans le sud de la France et toujours cette présence de l’une ou l’autre personne handicapée intégrée dans le quotidien du village. La France comptait-elle plus de personnes handicapées que la Belgique ? Mystère… et je fais part de ce mystère à ma maman. Sa réponse m’a glacé le cœur. Une réponse toute simple mais terrible dans ces implications. Toute simple et terrible : « Chez nous, on les cache. » Pourquoi ? Là, c’était plus compliqué… Mais toutes les raisons qu’elles me donnaient pour expliquer cet état de fait étaient inacceptables… On n’enferme que les criminels, non ?
C’est de cette révolte d’adolescent qu’est né, bien plus tard, le projet « Nature pour tous ». Bien plus tard car si je peux parfois avoir de bonnes idées, je n’ai aucune maîtrise du concret, de l’intendance du quotidien. J’ai eu l’occasion de mener des actions isolées mais il fallut attendre des rencontres indispensables pour que les choses prennent bonne tournure. La première de ces personnes fut Béatrice Ferrire qui, avec Catherine Pirson, mis sur pied en 2006, les premières journées de sensibilisation à l’accueil des personnes handicapées dans la nature. Le public de ces journées était les animateurs-nature. Nous souhaitions leur donner l’envie et les outils nécessaires pour adapter leurs activités afin de rendre possible la participation des publics les plus divers… Parmi les participants, un jeune aspirant guide-nature rencontré lors d’une journée « oiseaux » que j’animais dans le cadre de la formation organisée par Education-Environnement… Nombreux contacts par la suite… Et puis projet d’engagement finalement soutenu par Annick De Rongé, directrice générale de Natagora. Éric Dubois était enfin dans la place et est rapidement devenu « Monsieur Nature pour tous »…
La suite de l’histoire, c’est à lui de la raconter… En tout cas, un immense merci à Éric, Julie, Pierre-Yves, Gaëlle et à tous les animateurs de Natagora et au-delà de Natagora, qui prolongent et transmettent cette volonté d’accueil, de compréhension, de tolérance et de respect des autres… de tous les autres…